18.12.13

Le cadeau

Un matin sur le paillasson
Un petit paquet à mon nom
C'est une boite à musique, petite et légère
Qu'on pose là, en équilibre sur l'étagère
On pousse quelques livres pour pas qu'elle tombe
On jette quelques bibelots, usés et sombres
Le soir, on remonte le mécanisme raidi
On se suspend à la petite mélodie
Devant ce tout petit danseur, cette toute petite danseuse
Si parfaits, si gracieux dans leur valse amoureuse
Et bientôt, la boite grandit
Bientôt l'étagère plie
Bientôt il faut enlever les meubles autours
La boite devient chambre, on se blottit dans le velours,
Bientôt la boite devient maison d'or et le ballet continue
Bientôt la boite devient monde, et la musique n'arrête plus.


13.12.13

Le livre

J'ai vu ton visage
Comme on lit un livre
J'ai vu tes âges
Tes chemins tes dérives

J'ai lu ton histoire
J'ai lu tes émois
Tes espoirs
Tes joies

J'ai senti la vie
Battre tes tempes
Mais excès de folies
Déjà la nuit rampe

Les pages se déchirent
Qui parlent d'adieu
Tu vas t'endormir
Ne ferme pas les yeux







11.12.13

Le manège


Ce soir jusqu'à l'aurore
Je rencontre la fée d'or
Je sors mon masque de fête
Et rit à perdre la tête
Ce soir je tourne sur un manège enchanté
Les cotillons volent, le ciel est pailleté
Le manège soudain ralentit
Un visage  au loin caché m'épie
Plus un souffle, une ombre passe
Un instant l'ivresse s'efface
Les masques tombent de tristesse
Mais j'attrape le pompon et la liesse
Jusqu'à l'aurore avec la fée d'or

10.12.13

L'enfant

C'est un enfant silencieux
Il met à son jeu tout son sérieux
Et rien n'est important
Ni l'espace ni le temps
Il court à perdre haleine
Crie, chante et se déchaîne
Ses lacets sont défaits, son manteau ouvert
Il nargue la mort, son père et sa mère
C'est un enfant facétieux
Un ange passe joyeux
C'est un enfant capricieux
Qui fait bien ce qu'il veut
Il a l'âge de raison
Alors taisez-vous donc
C'est un enfant malheureux
Tout crotté, le genou écorché
Assis dans la boue,
Il frotte ses yeux et barbouille ses joues
La nuit tombe, il fait froid
Et il reste là
Seul avec sa peur
Tapi dans mon cœur


28.4.13

La pierre

Et on se retrouve sans y croire
Face à une pierre lisse et noire
Un coin calme dans la nuit
Sur une colline aux arbres vieillis
C'est déjà maintenant?
On fait le bilan
De ce qui compte
Des colères promptes
Des joies, des choix
On pèse, on balance
Nos temps courts et immenses
Dans le marbre obscur on veut graver nos mots,
Qui nous racontent et qu'on voudrait beaux.
C'est notre chance
De mener la danse
Des éclairs déchirent le ciel
Et nous réveillent
Mais quand revient l'ombre
On revoit la pierre sombre
C'est déjà maintenant?
Qui sait? En attendant,
On mesure l'important.


31.3.13

L'appel

 
Le vent se lève qui s’attaque à un chignon sans faille
Des mèches de cheveux s’échappent en bataille
Tandis que sautent les épingles et s’essaiment

Une bourrasque lève les feuilles jaunies,
Qui s’emmêlent dans la crinière en folie
Et collent à la peau leur poème

La poussière tourbillonne, se plaque partout
Dessine des peintures de guerre sur les joues

Un cyclone déchire la petite veste et la chemise à col
Les chaussures vernies s’envolent

Une sauvageonne pieds nus et en haillons
Marche vers le soleil chantant à pleins poumons
Et la brise murmure « bohème bohème »

12.3.13

Le régiment des bancals


Une plume au garde à vous
A pris du plomb dans l’aile

Garde à vous ! Garde à vous !
Je tombe – s’écrit-elle

Un garde au plumez vous
S’en vint à tire d’aile

Garde fou ! Garde fou !
Je vous tiens ma belle

Mais la plume a un poids
Et, tombant de Charybde en Sylla
Ils atterrissent cahin-caha
Sur le défilé de loqueteux qui passait là

Rien ne sert de périr
Il faut se sauver à point
On n’empêche personne de se flétrir
En s’échouant en vain