7h du matin, premier coup de klaxon, un flot de voitures déboule, les éboueurs explosent les poubelles. J'allume la radio et file sous la douche. Un premier coup de téléphone puis mp3 dans les oreilles je cours prendre le bus. A la bourre. Jusqu'à ce soir, ça sera ça, peut être même que je m'endormirai devant un film, et honnêtement, j'aime ça, ma vie est bien pleine. Pleine de vie, pleine de mouvement, pleine de bruit. Mmmmh! Je crois qu'il y a une certaine dépendance à l'effervescence et la bousculade.
En vrai, le silence fait peur. Que redoute-t-on? De s'ennuyer? D'ennuyer les autres? De rater quelque chose? De ne pas être assez au courant? De se retrouver seul avec soi-même, face à soi même?
C'est vrai, parfois le silence est douloureux, il nous laisse trop réfléchir, bâtir des plans sur la comète ou imaginer les choses pires qu'elles ne sont.
C'est vrai le silence ressemble à du vide et le vide à un échec (la pression de réussir sa vie!!)
Mais il y a différentes façon de faire l’expérience du silence
(Je ne parle pas du silence comme élément de la (non) communication, mais plutôt comme moment.)
A la frontière du Chili avec l’Argentine et la Bolivie (oui, moi aussi j’ai dû sortir l’atlas) près de San Pedro de Atacama, s’étale un désert immense, formé de hauts plateaux (« altiplano ») qui commencent à une altitude de 2500 m et s’élève, s’élève toujours plus, sans que l’on ne s’en aperçoive. La haut, le paysage est lunaire, c’est comme si l’Homme n’était jamais venu, le ciel est pur, pas un nuage (c’est la région du monde où le ciel est le plus pur), le froid est perçant et le vent violent.
D'un seul coup, le vent tombe, et un silence total se fait.
Assise sur une pierre à 4800 m d'altitude, je me suis laissé envelopper. On se sent tout petit dans l'immensité. Et c'est doux comme un refuge. Pas de peur, pas de douleur, juste l'intime conviction d'être relié à l'univers infini et sentir la vie en soi, équilibrée et simple.
C'est, je pense, ce qu'on nomme la contemplation, chose de prime abord complètement inutile mais qui est, du moins l'ai-je ressenti ainsi, une source de bienfaits et d'inspiration. Il est d'ailleurs remarquable de voir combien d'artistes et écrivains ont écrit sur leur expérience et leur relation au silence.
Lao tseu l'a dit : La plus grande révélation, c'est le silence.