C'est la saison.
Vous connaissez l'effet boule de neige bien sûr. Boule de neige qui roule amasse plein de flouze et s'écrase joyeusement sur le sapin. (C'est là que ça sent le sapin justement)
Je parle d'un cercle (vicieux...) évolutif faisant référence à une boule de neige roulant sur une pente couverte de neige : la boule va grossir de plus en plus et de plus en plus vite tout au long de son parcours.
Ce phénomène peut être le moteur de comportements grégaires.
Par exemple, si une personne dans la rue se met brusquement à courir en hurlant de terreur. Il est possible que 2, 3 personnes en fassent autant. Alors il est encore plus probable qu'une dizaine d'autres personnes se mettent elles-aussi à courir et, voyant cela, les autres personnes de la rue adopteront probablement le même comportement. (Je me demande si c'est pas comme ça qu'on fait tourner la Terre?) La probabilité d'adoption du même comportement est d'autant plus forte que le nombre de personnes l'ayant déjà adopté est grand.
La peur est un bon moteur.
Cela dit, la joie aussi. Essayez un jour d'éclater de rire dans le métro. (Spéciale dédicace aux membres du groupe Facebook "je me tape souvent des fous rires tout(e) seul(e) en repensant à un truc")
Quelles que soient leurs motivations ("héhé!" "oh mon pov' garçon!") les personnes autour de vous vont au moins esquisser un sourire, et, au sortir de la rame, leur bonne humeur va se répandre comme neige au soleil . Mine de rien, c'est comme ça qu'on fait face à la morosité, qu'on combat la crise, que sais-je, qu'on sécurise le Proche-Orient?
On a compris le potentiel que ce phénomène possède.
Certains l'ont d'ailleurs si bien compris qu'ils ont mis au point une forme d'escroquerie basée sur cet effet boule de neige, la "cavalerie".
Son principe est d'obtenir un prêt auprès d'une banque (ou autre bailleur de fonds) en simulant une opération commerciale.
L'escroc peut alors se servir de l'argent pour se présenter comme un client solvable d'un complice, qui, à son tour, pourra obtenir un prêt plus important, et ainsi de suite. Ainsi, les prêts successifs servent en partie à rembourser les emprunts antérieurs ainsi qu'à alimenter l'apparence de respectabilité et de solvabilité des escrocs.
Se basant sur cette méthode, Charles Ponzi a mis en place une opération immobilière frauduleuse, en Californie au début du 20ème siècle. Au départ anonyme, il devint millionnaire en six mois, en promettant un rendement de 50% en 90 jours en spéculant sur les International postal reply coupons (coupons-réponse internationaux). 40 000 personnes investirent 15 millions de dollars, un tiers seulement leur fut redistribué. Par la suite, on a donné son nom à cette forme d'escroquerie, on parle de chaîne/dynamique ou jeu de Ponzi.
Tant que de nouveaux clients sont attirés par les promesses financières, le système est viable. D'ailleurs l'aubaine est telle que les premiers clients reviennent souvent dans la chaîne.
La mise en place d'une chaîne nécessite, on l'aura compris, une bonne réputation, l'investisseur doit avoir l'impression que c'est un honneur, un privilège de pouvoir confier son argent à l'escroc.
Le jeu (nommons le ainsi, tout n'est donc pas ennuyeux et triste au royaume de la finance et de la crise) peut durer tant que les clients arrivent par nombre pair. Quand la chaîne est coupée, la boule de neige éclate contre le sapin (vous vous souvenez), les derniers investisseurs sont spoliés. Mais ceux qui ont quitté le jeu à temps, sont gagnants (surtout l'organisateur).
Voilà comment Bernard Madoff a procédé ruinant des millions de personnes dans le monde, des banques. Il est président fondateur d'une société d'investissements et très actif dans le NASD et le NASDAQ. La chaîne qu'il a créée et dans laquelle il promettait des retours sur investissements de 8 à 12%, aura duré 48 ans, de 1960 à la crise financière en 2008.
Peu de spécialistes se sont étonnés des performances fournies. Pourtant il n'y avait quasiment pas de retours négatifs sur de très longues périodes. Il lui aura suffit de jeter de la poudre(use) aux yeux : l'utilisation de modèles mathématiques financiers, des clients réputés, des postes élevés dans l'administration... "Bernie" jouissait ainsi d'un prestige important.
Avec la crise financière de 2008, beaucoup de ses clients voulu retirer leurs avoirs de sa société d'investissement et la chaîne s'est effondrée; les caisses étaient vides, ils avaient perdu tout leur argent.
Jules Renard, le bien nommé, a dit : "Comme la neige serait monotone si Dieu n'avait créé les corbeaux."
Je crois qu'il vaut mieux le prendre comme ça et éclater de rire dans le métro!