22.1.13

Inconstance et pointillés

Mais qui voilà au bout du chemin
Avec son chapeau de paille et cotillons
Un grand signe de la main
Un éclat de frissons

Des souvenirs en bataillons
Des aujourd'hui, des hiers, des demains
Mélangés sens dessus dévions
D'avions en trains.

C'est notre histoire en pointillés
Les saluts ici ou là sur un quai
La dernière fois c'était où - On s'en fout
La dernière fois c'était quand - Et fichtrement

Quelque part au milieu de la page
Ou griffonné vite fait dans la marge
Et on trace des petits traits bleus entre les deux
Ça fait joli et on fait bien c'qu'on veut

C'est notre amitié de nomades
Nos silences en charade
Nos  discussions en chamade
Arrive camarade!

8.1.13

Le blues du tigre

Au dessus d'un verre, face à toi même. Ou face à un verre et au dessus de toi même.
Au milieu de la foule festive, dans l'agitation, les danses, les rires, les chants, tous ces remous et ce bruit qui nous font sentir bien vivants, cette chaleur qui nous fait nous sentir aimés. 

Tu es là seul, tout ça glisse sur toi, on peut sentir la bulle cotonneuse de ta tristesse autour de toi.
"On est là, on joue aux fous, on fait semblant pour la galerie" dis-tu, "et pourtant au final en rentrant ce soir je serai seul".

On est là, on se fait des câlins, on se dit qu'on s'aime, on joue comme des enfants...

Comme des enfants? Des enfants écervelés - au sens littéral du terme - alors. 
Mais mimer grossièrement l'enfant ne va pas faire revenir notre mère. La maturité de l'Homme c'est de "retrouver le sérieux qu'il mettait au jeu étant enfant" (Nietzsche) (A tes souhaits). On ne va pas jouer à être des enfants et brasser l'air dans l'espoir d'arrêter le temps.

Maintenant c'est toi perdu dans la jungle du monde. Tu crois qu'il y a des tigres partout et tu te déguises en tigre. Tu finis par croire que tu en es un et que le bal masqué autour de toi est ta nouvelle famille féline. 
Parlons en des tigres; de gros matous de caniveaux avec des peintures de guerre, tous plus perdus et seuls les uns que les miauutres. Ils miaulent à en perdre haleine le soir sous les baobabs,  boivent du sang de gazelle toute la nuit, et cherchent un zèbre à se mettre sous la dent le croc. C'est comme ça être un tigre épanoui et heureux. C'est comme ça qu'on fait.

Ils veulent être les rois de la jungle mais se font boules de poils fragiles pour retrouver en catimini leurs maîtres, un bol de lait chaud, une caresse. Puis ils remettent leurs rayures et retournent à leurs occupations d'enfants terriblement libres. 
C'est la jungle et il vaut mieux y feuler qu'y ronronner. Mais à force on ne sait plus que l'on est déguisés et que l'on gesticule et s'époumone pour parfaire le camouflage. Ce qui compte c'est d'être comme les autres et ne plus être seul. Ce qui compte c'est de maquiller notre vie, comme nous mêmes, pour que ça ait l'air bien rempli. Même des fois on dépasse, mais ça c'est une autre histoire. 
On oublie qui on est pour ne pas se retrouver face ou au dessus de soi même. Au final, on est juste à côté.

"L'un va auprès de son prochain, parce qu'il se cherche lui-même, et un autre parce qu'il aimerait se perdre. Votre mauvais amour pour vous-même fait pour vous de la solitude une prison". (Re Nietzsche) (A tes amours)

Pour s'aimer soi-même, on peut essayer de se faire à soi-même une caresse et un lait chaud, ou regarder ce qu'il y a sous la peinture de nos rayures, et apprendre à trouver ça beau (voire rroarrr). 

Et une fois qu'on s'aime, la solitude c'est vraiment la liberté. Et ça fait du vent dans ta crinière...